Il est étonnant de constater à quel point les sens sont endormis à la maison. L’habitude y est pour beaucoup, même si je pense que l’hiver n’aide pas: peu de couleurs, peu d’odeurs, peu de bruits.

Ici, je suis frappée par l’expérience complète de tous mes sens. Bien sûr, quand on est loin de chez soi, on s’attend à s’en mettre plein la vue. Ce qui est le cas, immanquablement. Je suis depuis 2 semaines au même endroit, avec un rayon d’action quotidien qui frôle les 2km, et mes yeux ne se lassent pas! Le vert des arbres, les jaune, pourpre ou rouge-orangé des fleurs, le bleu du ciel, l’océan en perpétuel transformation, le ciel qui s’étend au loin, si loin.

Mais mes narines aussi sont en fête. Quand je me déplace à vélo, les effluves viennent à ma rencontre, font quelques tours de pédales avec moi, puis repartent chez elles. Des fleurs qui embaument l’air loin autour d’elles. L’odeur du moite. Le parfum de la pluie sur la terre chaude. Et l’océan, toujours.

Mes oreilles ne sont pas en reste. C’est d’ailleurs la première chose qui m’a frappée en arrivant: le chant des oiseaux. Ils sont nombreux, évidemment, mais surtout différents de ceux qui font habituellement vibrer mes tympans. Parfois un corbeau ou une mouette vient glisser un cri connu à mon oreille. Et l’océan, toujours! Quand il frôle mes orteils, son rugissement est assourdissant et apaisant à la fois. Je m’étais innocemment imaginée faire de belles vidéos en me promenant sur la plage: illusion! La vidéo tourne, mais il faudrait savoir lire sur mes lèvres pour comprendre mon message… Et là, à 1.5km de son flan, je l’entends encore aller et venir, inlassablement, comme une ligne de basse pour accompagner la symphonie qui s’élève des arbres.

La saison inversée et le  climat tropical offrent à mes papilles des goûts différents. Saveurs de mangues, de pastèque, d’avocats locaux. Un régal. La semaine passée, j’ai mangé un burger au bord de la plage et me suis émerveillée devant un plat si commun. Je retrouvais exactement le goût de ceux mangés il y a plus de vingt ans, quand je découvrais ce coin du monde pour la première fois. J’ai pourtant mangé plein de burgers depuis – des “maison”, des anglais, des suisses, des fast-food, des irlandais, des végétariens – et j’avoue avoir laissé au placard le souvenir des burgers australiens. En une bouchée, il était là, vivant, submergeant mes papilles. Je ne saurais décrire quelle saveur si particulière il dégage, ni forcément la qualifier d’exceptionnelle, mais mon corps l’a immédiatement reconnue comme typiquement locale!

Quand il y a 2 semaines, j’ai glissé mes pieds pour la première fois dans le sable, “farine” est le mot qui m’est venu à l’esprit. Le sable est si fin que ses grains ne se sentent pas. Si fin qu’il visite chaque recoin qui s’offre à lui. Si personnellement j’adore son contact, je ne suis pas sûre que ce soit le cas de mon téléphone…

Mes sens sont en éveil, et je pense que c’est un des moteurs inconscients de nos envie de voyages et d’exotisme. En nous remplissant de sensations extraordinaires, ils nous ancrent profondément dans l’instant du ressenti. En partant ailleurs, je me retrouve avec plus d’intensité ici et maintenant.

Merci la vie!

Leave a Reply